En matière de formation professionnelle continue, les pédagogies différenciées, les pédagogies actives plus ou moins ludiques sont à la mode. De nombreux organismes se vantent d’en faire. En creusant un peu, on s’aperçoit qu’il reste encore du PowerPoint dans leurs pratiques saupoudrées de-ci de-là par une vidéo ou un quiz comme pour se donner bonne conscience. La pédagogie active, c’est avant tout mettre l’apprenant au centre du processus d’apprentissage. Fini les heures interminables à écouter un formateur débiter un monologue soporifique. Place à l’interaction, à la collaboration, à l’expérimentation.
Se posent alors des questions cruciales : à quel moment peut-on réellement parler de pédagogie active ? Les formateurs sont-ils réellement formés à ces méthodes ? Combien d’organismes de formation n’ont aucun référent pédagogique ?
Ne serait-ce pas le moment de créer un standard ? Des normes voire une Appellation Contrôlée ?
D’autres métiers ont répondu à la même problématique !
Dans le monde de la formation, nous vivons ce que d’autres ont subi. Je pense aux boulangers qui ont vécu la concurrence des « dépôts de pain ». Une loi de 1998 met en place une appellation protégée de « Boulangerie Artisanale ».
Idem pour les restaurateurs qui ont connu le boom de la cuisine de substitution. La profession a créé un titre de « Maitres restaurateurs » valables 4 ans renouvelables et qui répond à des critères stricts.
Et nous, les formateurs ? Le titre FPA ne garantit hélas en rien les compétences en matière de pédagogie active. Nous le savons bien puisque plusieurs OF nous demandent d’intervenir en complément de leur formation.
Peut-être que le moment est venu de créer un “standard de la pédagogie active et ludique”, avec des normes bien définies et pourquoi pas, une “Appellation Contrôlée”. Imaginez un monde où vous entrez dans une salle de formation et vous voyez fièrement affiché : « Formation certifiée et animée en mode utile et apprenant » ou alors « Formation garantie sans PowerPoint” ou mieux encore “Certifié 100% Pédagogie Active et ludique » Ça, ça ressemble à un rêve !
Comment valider la pratique d’une pédagogie active ?
Ah, la pédagogie active ! C’est comme le tofu dans un buffet de viande, tout le monde en parle, mais peu savent vraiment faire la différence, sauf les initiés !
Imaginez-vous dans une salle. Les chaises sont disposées en cercle, les participants sont tous accueillis en les nommant par leur prénom, un café d’accueil les attend, il y a de la musique. Le tableau regorge de mots-clés issus de leur diagnostic préalable, accompagnés de messages de bienvenue colorés. On se sent bien.
Mais il y a l’habillage, la forme, d’un côté et il y a le fond de l’autre côté. Suivre une recette à la lettre ne fait pas tout. Il vous faut le coup de main ce petit plus qui fait la différence. Comme une épice qui rend votre plat savoureux et mémorable. On ne sait pas tout identifier et on se régale !
Même si le programme devient contractuel et donc son respect complet est une obligation imposée par Qualiopi. Il n’est pas un objectif en soi pour le concepteur (avant signature du client). Je m’explique : tout part de l’analyse du besoin et surtout d’un diagnostic à la fois individuel et global. En allant vers une personnalisation des contenus, on s’approche de l’efficacité optimale. Ainsi avec ces 2 outils, la conception du module mais aussi son animation peuvent être optimisées. Le fond et la forme peuvent se rejoindre. On vise l’atteinte des objectifs et la satisfaction du participant et du commanditaire !
Pédagogie Active Phénomène de mode ?
Certains semblent le dire ! Une autre tendance passagère ? Que nenni ! Inutile de rappeler que Maria Montessori a développé sa méthode active depuis 1907, donc il y a bientôt 120 ans et d’autres lui emboitent le pas depuis. Avec le développement de la formation professionnelle continue et sa mention dans les obligations de l’employeur au titre du droit du travail depuis les années 1970, la pédagogie active est une révolution silencieuse qui passe des salles de classe vers les salles de formation du monde entier. C’est une bouffée d’air frais dans un océan de monotone. C’est le futur de l’éducation !
Regardez l’évolution des Tests PISA. Analysez les décisions prises par certains pays comme la Finlande, dernier du classement il y a 40 ans et qui depuis un changement en profondeur du système éducatif est régulièrement en tête du classement pour les pays de l’OCDE. Et si vous avez le cœur bien accroché, osez repérer la place de la France dans le classement qui ne cesse de tomber sans que cela ne dérange personne !
Comme toute révolution, la pédagogie active a besoin de temps, de moyens, d’ambitions, d’acteurs-clés.
Passer de la pédagogie classique à une pédagogie différenciée, c’est productif et ça peut aussi être explosif. Toute expérimentation peut amener à des dérives. Aussi qui peut recentrer le débat vers l’essentiel ? La loi ? Les pratiques ? Ou tel le colibri, chacun de nous peut devenir acteur du changement ?
Et si un dérapage peut se terminer en catastrophe, si vous avez envie et vous n’avez pas les compétences nécessaires pour gérer la situation, il convient de se former, de se structurer et d’organiser la profession autour de normes et de références efficaces. Qualiopi ne garantit que le respect d’un process. Qui pour garantir les techniques de conception et/ou d’animation ? Un label ? Une appellation contrôlée ?
Et d’ajouter à votre réflexion que la pédagogie active, c’est aussi un état d’esprit.
Un jour un stagiaire en formation de formateurs à la pédagogie active proche de la retraite m’a dit : « Mais en fait, la pédagogie active, ça peut aussi être une philosophie ». J’ai souri, il avait compris. Il était outillé pour l’essentiel. À la technique apprise en formation, il avait mis la part d’humanité qui fait la différence entre 2 formateurs.
Soyez audacieux ! Soyez aventureux ! Osez sortir des sentiers battus et explorez de nouvelles façons de transmettre et d’apprendre. Car c’est là que se trouve le véritable potentiel de la pédagogie active et surtout partagez. Ensemble on va plus loin et le voyage et si beau, pourquoi s’en priver !
Je vous entends ! Tout cela est bien joli, mais comment diable pouvons-nous mettre tout ça en pratique ? La pédagogie active et ludique, en plus du savoir-faire, demande de l’investissement, est-ce que j’aurais les moyens ?
Eh bien, c’est là qu’intervient le laboratoire de pédagogie active. Imaginez un endroit où les formateurs peuvent venir expérimenter de nouvelles méthodes, échanger des idées, et apprendre les uns des autres. Un peu comme un terrain de jeu pour les esprits curieux et les âmes créatives. C’est delà que naissent les innovations les plus brillantes, dans le creuset de la collaboration et de l’expérimentation.
J’aurais le plaisir de vous en parler en juin. Inscrivez-vous et apportez votre pépite au débat !
En conclusion
Alors, qu’attendons-nous ? Il est temps de mettre les mains dans la farine et d’élaborer la meilleure recette pour l’avenir de la formation !
Ensemble, faisons de la formation un véritable terrain de jeu où l’apprentissage est une aventure stimulante et enrichissante.
En résumé, la pédagogie active n’est pas seulement une tendance passagère. C’est une révolution douce qui transforme la façon dont nous enseignons et apprenons. Le laboratoire de pédagogie active sera une piste de progrès continu pour tous ceux qui ont le courage de s’aventurer en territoire inconnu.
Portera-t-il cette Appellation Contrôlée ? À suivre…
