Vaste question … La réponse ne se trouve pas dans une définition unique. Il nous faut ici considérer une posture et des actions. Trop souvent, les formateurs pensent que pour transmettre un savoir ou savoir-faire, il faut d’abord « en donner » aux participants. Or, la force est dans le groupe. La pédagogie active invite le formateur à concevoir son métier autrement. A inverser sa posture afin de passer d’un rôle d’enseignant à un rôle d’expert ou d’accompagnant.
La clé : positionner le stagiaire au cœur du système. La transmission est un jeu de construction. Il s’agit d’assembler des briques et de se laisser porter par une méthode simple, efficace et accessible à tous. Bref, le bon formateur est un bâtisseur spécialiste du BBC (bâtiment basse consommation), c’est-à-dire un bâtiment bien fait, rentable et énergétiquement contrôlé.
Osez mettre la pratique avant la théorie !
En situation de face à face pédagogique, il est important de partir du vécu du stagiaire, de ses représentations, de ce qu’il connaît, ça le rassure. (Merci Datadock et Qualiopi d’avoir imposés le diagnostic préalable. En pédagogie active, c’était une norme depuis toujours ! 🙂 Puis pas à pas, le formateur va intégrer une ou l’autre difficulté qui sera source de nouveaux apprentissages. La règle des 80% de facile et 20% de difficile, car apprenant. En partant de la pratique, le formateur intéresse son groupe, car il part d’une réalité, d’une situation concrète. Lorsque la partie théorie arrive, elle prend toute sa place dans la démarche pédagogique. Le groupe en comprend le sens. Ce qui semblait le plus dur ; roule ; coule et c’est le bonheur !
Les stagiaires sont capables de faire des exercices sans avoir d’apports préalables. Mettre de la théorie avant la pratique est une fausse croyance. Hélas trop vécue dans l’Education classique, à mon sens. C’est toujours un plaisir de prouver l’inverse aux nombreux formateurs que nous recevons chaque année dans nos formations à la pédagogie active et dans nos formations de concepteurs de jeux pédagogiques.
Transformer vos modules en utilisant la pédagogie active est certes un investissement, de temps, de créativité, j’en conviens. Sachez que cela réussit souvent du premier coup. On fait mouche tout de suite, et plus la peine d’y revenir. Cependant le formateur utilisant de la pédagogie active se doit de vérifier l’environnement et le contexte de l’entreprise dans laquelle il intervient. Voir un prochain article sur les variables d’ajustement du formateur, si ça vous intéresse, n’hésitez pas à me le demander.
Tous les formateurs peuvent-ils faire de la pédagogie active ?
Derrière la pédagogie active, se dégage une vraie philosophie. Je pense, ici, aux formateurs qui agissent par conviction et non par obligation. Mon constat : je vois trop d’organismes qui ont peu d’égards pour la mise en pédagogie de leurs modules. Le stagiaire a souvent face à lui un formateur expert de son domaine, certes, mais pas vraiment un formateur engagé dans un transfert de savoir, donc pas un pédagogue actif.
Avec la pédagogie classique, la plus répandue, les modules sont souvent peu travaillés dans leur organisation. La pédagogie classique donne des modules chronologiques et donc fades. Le PowerPoint est sollicité et sert de bouclier au formateur. Les stagiaires sont déçues, voire perdues. Les savoirs sont transmis sans ancrage. Et les sommes dépensées en formation sont sans résultats.
Pour être un bon formateur en pédagogie active, il faut simplement être un formateur « congruent», c’est-à-dire quelqu‘un de : clair dans sa posture, doté d’une réelle expérience, capable d’être convaincant tout en s’orientant vers l’autre, et « égoïstement généreux», qui donner juste ce qu’il faut.
Nous connaissons tous des exemples d’excellents formateurs qui vous « transcendent », qui vous permettent de donner un second souffle à votre carrière ! J’en ai rencontrés. C’est grâce à eux que je fais ce métier aujourd’hui. J’ai aussi le souvenir de l’un ou l’autre formateur type « centre de profit », avec leurs deux téléphones portables sur la table, connexion mail ouverte en permanence, assis derrière leur table, faisant la promotion de leur dernier livre et déroulant leur PowerPoint. Eux me laissent, hélas, un autre souvenir.
En France, selon la Dares près de 50 000 établissements dispensateurs de formation ont réalisé des actions de formation continue. Combien d’entre eux disposent de personnes formées à la pédagogie active ? N’oublions pas qu’il suffit de quelques 5 jours de formation à peine pour s’approprier les bases de la conception de modules de pédagogie active. Dans le contexte actuel, comment est-il possible d’en faire l’économie ?
Et vous quel formateur êtes vous ? quel formateur voulez-vous être ?
Avez vous d’autres idées d’articles sur lesquels vous souhaitez que j’écrive ?
A votre disposition
Pédagogiquement vôtre
Cendrine Molina